Interview d’Adrien Taquet, Secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance

Mardi 19 mai 2020, Rose Ameziane Fondatrice de REC a posé des questions au Ministre sur différents sujets concernant la protection des enfants.

Qu’est ce que c’est la maltraitance chez l’enfant ?

Il y a différentes formes de violences :

  • 👉 Violences physiques
  • 👉 Violences psychologiques
  • 👉 Violences sexuelles

25 000 plaintes par an pour violences sexuelles sur les enfants connues mais la réalité est multiplié  par 5, 10.

Chaque année en France, il y a au moins 125 000 enfants victimes de violences sexuelles.

C’est une enquête « déclarative » mais qui coïncide avec une enquête scientifique faite aux Etats-Unis.

On estime que dans notre pays il  y a 4 000 000 de français de tous âges qui ont été victimes d’inceste une fois dans leur vie. C’est-à-dire violences sexuelles de la part d’un membre de la famille. Soit 6% de la population française.

C’est glaçant et monstrueux, le pire de l’homme.

Qu’est-ce que le volet prévention dans la protection de l’enfance ?

C’est l’accompagnement à la parentalité.

L’idée est que pour protéger les enfants ça passe, parfois,  par mieux accompagner les parents.

Il faut aborder ce virage préventif.

Où il faut investir d’avantage pour outiller, étayer, donner de l’information, pour sensibiliser, pour accompagner les parents qui ne savent pas forcement et se retrouvent en difficulté.

Certaines personnes pensent que la famille est le dernier lieu de liberté et ce n’est pas à l’état d’intervenir.

Lorsque  les plus vulnérables, les enfants sont en danger, il y a toute légitimité pour l’état de légiférer et de mettre de l’argent dans les associations qui accompagnent les parents.

Investir dans la recherche afin de sensibiliser et faire passer des messages « quand on met une claque, on insulte ça impact sur l’estime de soi et le développement de l’enfant ».

Il n’existe pas de permis d’éduquer. Chaque parent est différent.

Comment aider les parents de manière simple sans être jugé par la société ?

Effectivement dans notre société on apprend beaucoup de choses mais pas d’être parent.

Les français le disent, c’est compliqué d’être parent. On a tous des fragilités, des vulnérabilités. La dimension économique et sociale n’est pas un facteur.

C’est la raison pour laquelle, le gouvernement est en train de mettre en place des réflexions et des mesures.

Il y a la « Commission des 1000 premiers jours ». Ce qui correspond du 4éme mois de grossesse aux 2 ans de l’enfant. On sait que c’est à cette période là que se joue un certains nombres de choses.

Du point de vue développement mental,

les sciences cognitives nous disent qu’il se passe beaucoup de choses dans le cerveau. Mais tout ne se joue pas la. L’élasticité d’un cerveau est suffisamment fort jusqu’à 7 ans pour que des choses abimées puissent être réparées.

Du point de vue social,

l’école républicaine vise à réduire les inégalités. Pour autant on sait aussi qu’à 3 ans, un enfant de cadre a déjà 5 fois plus de vocabulaire qu’un enfant d’ouvrier.

 Selon Boris Cyrulnik le neuropsychiatre : (sans culpabiliser les mères)

« Les inégalités sociales naissent dans le ventre de la mère »

Boris Cyrulnik

LES 1000 PREMIERS JOURS

La période des 1000 premiers jours est décisive et en France on l’a pas investit.

Il n’y a pas de politique publique et d’accompagnement des parents pour le bien de l’enfant.

Ainsi, le Président de la République a demandé à Boris Cyrulnik en octobre 2019 de mener une mission avec une commission d’experts de tout bord pour réfléchir sur les 1000 premiers jours de la vie de l’enfant.

On veut véritablement avoir une vraie politique pour la première fois dans notre pays afin de mieux accompagner les parents et le bien être des enfants.

En Finlande, il y a un accompagnement des le 4éme mois de grossesse selon les fragilités et la demande des futurs parents.

L’Etat veut s’en inspirer.

CONGÉS PARENTAUX…VERS UNE RÉVISION ?

On sait que la première année de vie, c’est important que l’enfant soit avec ses 2 parents, c’est meilleur pour son développement.

Cela renvoie à la question du congé paternité. En France c’est 11 jours.

La femme quand elle se retrouve seule peut faire une dépression post-parthum. Cela touche entre 20 à 30 % de femme.

Personne n’en parle car effectivement avoir un enfant c’est forcément du bonheur.

On ne peut pas dire l’inverse.

Il faut parler des difficultés de la maternité. Et surtout accompagner ces femmes durant cette période.

Il faudrait revoir tous les congés parentaux parfois trop longs, mal payés.Il y a que les femmes qui le prennent avec des incidences sur les carrières et des difficultés financières.

FEDERER LES INFOS ?

Il y a des personnes qui ont épluché  72 dossiers judicaires de morts d’enfant suite à des violences.

Elles se sont rendu compte qu’il y avait un problème d’une bonne articulation et coordination des différents services qui étaient autour de l’enfant et la famille. A un moment, ces services ne se sont pas coordonnés et ne se sont pas parlés.

Il y a de l’info qui est tombée dans le vide. Et c’est ça qui n’a pas permis d’éviter le drame.

C’est très français de compartimenter, d’un côté il y a les travailleurs sociaux, il y a la justice de l’autre, il y a éventuellement la police et peut être l’école.

Et toutes ces institutions ont plus ou moins repéré la situation mais elles ne partagent pas de la même façon ou n’ont pas les mêmes grilles d’analyse.

La vie d’un enfant ne suit pas notre organisation administrative.

C’est une avancé qu’il existe un ministère dédié à la protection de l’enfance.

C’est un problème de coordination et de culture commune.

Il faut qu’on arrive à développer des lieux, des moments, partager l’information, se coordonner et  développer cette culture commune.

C’est à l’Etat de coordonner, avec l’enfant au centre.

C’est à l’Etat de s’organiser au tour pour que ce parcours de vie soit sans rupture et on est loin de ça.

COMMENT DIMINUER LE NOMBRE D’INFANTICIDE ?

En France il y a 1 enfant qui meurt tous les 5 jours. On n’en parle pas assez.

Pour l’instant, ce n’est pas un sujet dans le débat public comme le sujet des violences conjugales il y a 10 ans.

En plus on parle d’enfants, on devrait être concerné d’avantage mais cela effraie. Il y a une part de dénis dans l’inconscient individuel et collectif.

Les victimes sont des jeunes enfants, souvent des nourrissons.

Leurs parents ont été décelés par les services sociaux.

Ce qui pose la question, pour les parents qui étaient dans le radar, les services concernés n’ont pas vu que cela allé déraper.

Il n’y a pas de facteur social, il y a une petite prédominance mais la violence se trouve dans tous les milieux sociaux.

Le profil dans la moitié des cas : Il y a souvent des problèmes d’addiction chez les parents. Et dans certain nombre de cas des problèmes psychiatriques.

Souvent, ce sont les 2 parents qui sont responsable du décès de l’enfant.

F.I.J.A.I.S. Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles et violentes

Adrien Taquet a amélioré le recours à la consultation du fichier FIJAIS pour toutes  les personnes qui sont en contact avec des enfants.

Les personnes qui consultaient des fichiers pédopornographiques n’étaient pas automatiquement inscrites au FIJAIS.

Elles pouvaient 3 ans après être embauchées en maternelle.

Donc le gouvernement a durcit les peines, c’est 5 ans d’emprisonnement et automatiquement inscrit sur le fichier FIJAIS.

Ils ne peuvent plus travailler avec les enfants.

Merci à Rose Ameziane, Fondatrice de l’Association REC (Résilience Emploi Conseil) @rosemeziane

Merci à Adrien Taquet, Secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance @adrien_taquet

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