
Josette Serres est docteur en psychologie du développement, ingénieur de recherche au CNRS, est également formatrice petite enfance.
Josette Serres s’est exprimée lundi 4 mai 2020 lors du ZOOM organisé par l’association Ensemble pour l’Éducation de la Petite Enfance.
Josette Serres s’est interrogée sur le port du masque par les professionnel.le.s de la petite enfance.
Elle en convient que l’adulte masqué ne fera pas peur aux enfants, puisqu’ils ont déjà vu le.a professionel.le se déguiser. En revanche, ses inquiétudes se portent sur le manque de perception visuelle que n’aura pas accès les jeunes enfants surtout les moins d’un an. En effet, un visage coupé occulte 50% des informations.
LE MANQUE DE PERCEPTION VISUELLE
Lors de la première année de vie, le cerveau de l’enfant va construire des connexions pour comprendre ce qui est un visage. Au debut, un bébé sait différencier un visage humain à un visage animal et petit à petit il va savoir reconnaitre les visages familiers contre les visages moins familiers et s’en méfier. C’est une construction qui est très semblable à la construction du langage.
L’enfant devient expert en visage au cours de la première année puisque nous sommes des être sociaux attirés par les visages. Le bébé a besoin de se reconnaitre. Avec un masque, l’enfant percevra un visage avec la moitié des informations, juste les yeux . Il perdra cette capacité de discrimination.
INNOVER
Un autre aspect important, l’enfant apprend à parler en écoutant les sons et en regardant la bouche bouger qui est syncro avec les sons. Ainsi, on retire à l’enfant tous ces précieuses informations qui auront des répercutions sur l’apprentissage du langage.
Josette Serres n’est pas inquiète sur « est-ce que le masque fait peur aux enfants ? » mais sur l’impact des apprentissage de la communication qui se met en place par des connexions du cerveau dans un environnement connu pendant la première année de l’enfant.
Josette Serres s’interroge et réfléchit à des solutions qui pourraient empêcher les enfants d’avoir une construction de leur cerveau qui soit moins bien construit que si’ils avaient toute leur sensorialité ouverte. En effet, elle explique qu’il existe des masques transparents homologués à destination des malentendants. Est-ce que ça pourrait se faire ?

HYGIÈNE VS ENFANT
Autre point mis en avant par Josette Serres, la question de l’hygiène sur la désinfection des objets. C’est une tâche qui prend beaucoup de temps. Elle alerte sut le danger que ce temps consacré au lavage des jouets se fasse au détriment des enfants. Elle craint que les professionnel.le.s soucieux.ses de suivre les recommandations, choisissent des jouets plus facile à laver, limite le nombre et le temps passé. Pour l’intérêt de l’enfant, ce n’est pas avoir des jouets qui arrangent l’adulte mais ce qu’il ai une abondance d’objet pour explorer et combiner. C’est comme cela qu’il construit son intelligence. Il ne faudrait pas réfléchir selon l’hygiène mais selon le besoin de l’enfant. On ne doit pas oublier cette notion.
LE JEU
Josette Serres insiste sur la peur de recrudescence d’interdits : « Fait pas si Fait pas ca… Fait attention » .. Ainsi, l’enfant sera plongé dans un environnement angoissant, toujours sur le qui-vive.
Un cerveau en construction est un cerveau qui apprend la communication.
A partir de 18 mois, les enfants apprennent à savoir qui est l’autre et ont besoin de l’autre pour exister. Ainsi, ca serait une entrave de privilégier des jeux individuels puisqu’ils ont besoin d’apprendre de l’autre. Attention à ne pas faire trop de zèle au détriment du cerveau de l’enfant.
SECURITE AFFECTIVE
Et puis, abuser des bras !!! Certes les profesionnel.les seront masqué.e.s mais le portage sera indispensable. L’enfant aura besoin des bras pour recevoir sa bonne « dose » d’ocytocine surtout dans ces dispositions. Un enfant qui pleur, c’est essentiel d’avoir une proximité. L’éloignement met à mal tout ce qui est important dans le développement de l’humain. Il a besoin de se sentir en sécurité.
SOYONS CRÉATIFS
Des masques transparents existent et devraient être réservés aux crèches (et aux malentendants). Ils permettent de ne pas priver l’enfant de ce qu’il a de plus précieux : le visage humain
👉 La réouverture de la crèche, les consignes doivent être claires pour ne pas laisser place à l’improvisation.
👉 Une fois de retour à la crèche, les enfants doivent retrouver leur l’environnement familier et les rituels (sortir les jouets habituels, retrouver les histoires qu’on aime, retrouver sa place dans le dortoir)
👉 Créer de nouveaux rituels : le lavage des mains sera l’occasion de jouer avec l’eau et la mousse. Les enfants adoreront aussi participer au lavage des jouets
Source : Lettre ouverte de Josette Serres et Christine schulh.
L’AVENIR
Nous savons combien l’enfant est capable de s’adapter.
Nous savons combien les professionnels sont créatifs, que beaucoup savent se remettre en questions et que les acquis sont importants.
Alors n’hésitons surtout pas à réfléchir, à poser nos craintes et nos certitudes, pour que nous préservions une véritable cohérence autour de l’accompagnement des très jeunes enfants.
À plusieurs nous serons plus forts pour inventer cet autre monde.
Source : Lettre ouverte de Josette Serres et Christine schulh.
Alors, allons de l’avant et innovant sur de nouvelles pratiques professionnelles.
Josette Serres et Christine Schuhl ont écrit une lettre ouverte à destination de la sphère de la petite enfance.
Retrouver le Live de l’association Ensemble pour l’Education de la Petite Enfance : LIVE – La petite enfance à l’ére du déconfinement // Lundi 4 mai 2020
Merci à l’association Ensemble pour l’Education de la Petite Enfance pour ce beau moment d’éducation.